A la recherche de .....

Après avoir quitter tôt le castel, ils avaient chevauché toute la journée. Myrdhyn se dirigeait vers l’endroit ou les mercenaires avaient volés les invention de l’homme sauvé par Tadgar, c’était, avait il imaginé, un bon endroit pour commencer les recherches.
Ils avaient traversé le village ou Noël avait été fêté, il était calme, les villageois par ces temps froid et neigeux restaient à l’intérieur pour préparer les travaux de la belle saison. Ils arriveraient dans une heure ou deux à un essart ou ils pourraient trouver un gîte pour la nuit. Les bûcherons et charbonniers ne sont pas des gens riches, mais leur hospitalité est bonne, ils aiment recevoir des personnes qui leur apportent des nouvelles. De toute façon, Myrhdyn n’était pas très exigeant, un coin dans une écurie lui suffirait, et il dédommagerait ces hôtes pour la nourriture qu’ils prendraient (l’appétit du jeune Erec était redoutable !).
Bercé par les pas de son cheval, enveloppé dans son manteau de velours doublé de marte et d’hermine, le chevalier laissait aller ses pensées vers son pays. Il devrait d’ailleurs y retourner dès le début du printemps, convoqué pour la montre de son banneret à Ranrouët. Il ne se faisait pas de souci particulier pour cette rencontre. Les deux sergents qu’il avait laissé au château de son père sont de redoutables combattants à l’arme d’hast, et les trois archers qui se joindraient à eux, sont aussi très adroits. Son équipage sera comme d’habitude impeccable. Et ce n’était même pas l’idée qu’ensuite les 10 lances du baron se joindraient à l’armée du Duc pour reprendre Naoned aux Francs qui chagrinait Myrhdyn, c’était l’idée qu’il ne pouvait quitter les Shorel’haran Kaldorei au moment ou des menaces pèsent sur l’ordre.
Le soleil froid de cet hiver est maintenant au plus bas, et le chevalier et son valet entre dans le hameau. Comme ils s’y attendaient l’accueil est chaleureux, les chevaux sont installés dans la grange du hameau, et les deux hommes partagent la soupe au lard de la petite communauté. L’atmosphère n’est cependant pas aussi sereine que prévue, les enfant sont trop calme, et les femmes n’ont pas leur bavardage habituel.
« Vous me semblez bien soucieux, avez vous des ennuis ? » s’enquière le chevalier.
« Oh rien de bien grave messire, répond l’homme qui semble être le responsable du chantier, mais depuis quelque temps nous sommes victime de vols, la nuit et à deux reprises notre grange a été forcée, des sacs de grains et un porc ont disparu, nous avons organisé une veille après le premier vol, mais avec le travail quotidien, il est difficile de rester éveiller toute la nuit. ».
« Pour cette nuit vous pourrez dormir tranquille, avec ce jeune qui sera bientôt Ecuyer, nous veillerons dans la grange, et demain nous essaierons de retrouver des traces de vos voleurs »
Cette dernière phrase si elle rasséréna les bûcherons, entraîna une grimace de désappointement d’Erec, qui aurait très nettement préférer passer la nuit au chaud près de la cheminée, que couché a coté des chevaux dans la paille de la grange. Sa mine renfrognée déclencha l’hilarité de tous, et celle de Myrhdyn en premier.
« Mon jeune compagnon, tu t’es trop habitué au confort du château ce mois dernier, il était grand temps que je te montre ce qu’est la vraie vie de guerrier, Ar gwellañ bara da zebriñ A vez gounezet o c'hwezhiñ 1».
Ce n’était surement pas ce vieux proverbe qui allait redonner le sourire à Erec, mais il savait bien qu’il ne pouvait qu’obéir.


1 Le meilleur pain à manger est gagné en suant.

Dans le hameau, la soirée s’était terminée par une veillée au coin du feu, les habitants isolés aimaient bien avoir de la visite, surtout de gens de lointains pays, qui leur apportaient des nouvelles et des récits plus ou moins fantastique. Aussi les quatre familles qui constituaient les feux de cet essart, s’étaient assez longuement attardées.
Erec vient de raconter l’histoire du roi Marc et de la ville d’YS, engloutie par les eaux, mais dont les soirs de grande tempête on pouvait entendre les cloches sonner à Landevennec. Cette histoire a bien plu, et il faut toute l’autorité d’Ogrin, le patriarche, pour renvoyer chacun dormir. Il faut se lever tôt le lendemain pour lancer une fabrication de charbon de bois.
Au moment de quitter la chaumière pour rejoindre la grange et son tour de veille, Myrdhyn a une étrange sensation, Il entend Tadgar lui parler, d’âmes corrompues par le feu noir. Comment cela se peut il ? Tadgar est resté au château . Et maintenant il lui demande de ne pas trop s’éloigner et de surveiller la route au cas où cet ennemi chercherait à fuir. Myrhdyn ne comprend pas trop ce qui se passe, mais réagit comme s’il avait le maître de l’ordre devant lui.
« j’ai promis de veiller sur ce hameau cette nuit, pense t il, donc rester un jour ou deux de plus et surveiller la route ne posera pas de problème »
Et là surprise encore plus grande, il croit entendre Tadgar lui répondre
« Très bien, nous comptons sur toi, pendant que nous organisons la poursuite du ou des intrus ».
Myrhdyn et Erec sont maintenant dans la grange. Erec doit prendre le premier tour de garde et le jouvenceau est grognon. Dans la grange, on y retrouve les réserves de nourriture pour l’hiver, les deux bœufs qui tirent les troncs abattus hors de la forêt, ou la carriole qui livre poutre et charbon de bois à la ville. Depuis le vol les 3 porcs y sont aussi enfermés la nuit. En ajoutant les quatre chevaux de l’équipage du chevalier, c’est assez serré. Mais la chaleur dégagée, monte vers le grenier, ou finalement il ne fait pas trop froid. Le Chevalier s’enroule dans son manteau, s’allonge dans la paille
« Erec, ne t’endors pas et à moins qu’il ne se passe quelque chose avant réveille moi à tierce ».
Puis il s'endort sereinement …..
« Messire, il est l’heure, c’est à votre tour de veiller, je n’ai rien remarqué et cela m’étonnerais qu’il se passe quelque chose, avec la lune on y voit presque comme en plein jour ».
Myrdhyn s’étire
« Ne trouve tu pas cela formidable, Erec, les nuages ont disparu, et il fera beau au lever du soleil , dors bien jeune homme». la dernière recommandation est inutile, Erec s’est endormi avant même que Myrhdyn ait fini sa phrase.
Cela fait maintenant près de deux heures que le chevalier, surveille les alentours au travers des interstices du mur en bois et torchis, trous et fentes bien pratiques pour la veille, mais peu confortables car l’air froid s’y engouffre allégrement.
Et à ce moment là, pas très loin, juste à l’orée du bois, il aperçoit une, puis deux, puis 10 silhouettes sombres qui se regroupent.
« Erec, réveille toi, vite, va préparer Korffruz, nous allons avoir de la visite ! »
Et le jeune page est si excité par une perspective de bataille, qu’il en oublie de protester pour le peu de sommeil dont il a pu profiter.

* Le grand destrier de guerre de Myrdhyn a été appelé Corps rouge bien évidemment à cause de sa couleur.

Korffruz est prêt, Erec l’a revêtu du plastron et de la têtière de fer, Il a entouré ses pattes d’étoupe pour protéger ses jarrets, et le velours souple qui recouvre son corps ralentira les flèches. Myrhdyn aussi est prêt, il s’installe sur son destrier, l’écu passé au bras gauche, lui laisse la main libre pour prendre les rênes. Dans sa main droite, l’épée longue est sortie du foureau.
Voilà une affaire qui s’annonce plus au goût du guerrier que la course après des silhouettes magiques dans le château.
Il jette un dernier regard à l’extérieur, les silhouettes se sont rapprochées. Les assaillant n’ont pas l’air d’être très grand, moins de 5 pieds a t il jugé, et ils sont plutôt malingre, ils ne doivent pas peser plus de 100 livres. S’ils ne tenaient pas à la main ce qui de loin ressemble à un cimeterre, le groupe pourrait être une bande d’adolescent qui cherche à rentrer discrètement après une nuit de débauche.
Pour aider Myrdhyn, Erec à pris son arc, la seule arme qu’il maîtrise vraiment, c’est un arc court de chasse et non le grand arc gallois, mais cela devrait au moins lui permettre de se défendre un peu. Il est prêt à ouvrir les portes de la grange au signal de Myrhdyn.
La terre se met à trembler sous le galop du lourd destrier, et c’est un orage qui s’abat alors sur les assaillants. Avant même qu’ils aient compris ce qui se passait, le premier de la file a été écrasé par les pattes du cheval, les deux suivant ont eu la tête tranchée et le quatrième a perdu le bras qui tenait son épée. C’est un peu la panique parmi les survivants, d’autant qu’avant même qu’ils aient pu se ressaisir, d’une pression des genoux, Myrhdyn fait faire une volte à Korffruz, et se lance dans un deuxième assaut. Une nouvelle tête tombe, les sabots du cheval font exploser une poitrine, mais le deuxième coup d’épée n’atteint pas sa cible , l’adversaire ayant roulé à terre.
« Messire derrière vous » c’est la voix d’Ogrin, réveillé par le vacarme qui retentit.
Une nouvelle volte du destrier, juste à temps pour que Myrdhyn voit une flèche s’enfoncer dans la poitrine de son assaillant.
C’est la débandade parmi les trois survivants qui s’enfuient le plus vite possible.
« Joli coup Erec , maintenant il nous faut en prendre un vivant pour savoir ce qui se passe »
Une dernière charge du destrier, accompagnée d’un coup du plat de l’épée sur le crâne d’un des fuyards permet de terminer l’affaire en beauté.
Myrdhyn, Erec et Ogrin sont regroupé autour de l’être assommé, La torche apporté par Ogrin, révèle les traits verdâtres, d’un visage prognathe, et dont les canines pointues sortent de la bouche.
« C’est un gobelin !» s’exclame Ogrin.
Décidemment ce pays réserve bien des surprises à Myrhdyn.
« Ogrin, nous allons ficeler ce … Gobelin, comme tu l’appelle, va réveiller ton fils, je vais le charger de conduire ce prisonnier au château des Shorel'aran kaldorei. Tadgar saura bien quoi en faire, puis nous ferons disparaître les résultats de cet assaut, il n’est pas nécessaire que les femmes et les enfants voient un tel spectacle à leur réveil."
Et c’est ainsi qu’au petit matin, Radrian, part avec la charrette tirée par les bœufs et contenant un gobelin soigneusement attaché vers le château, pendant que Myrhdyn et Erec, après une rapide collation se rendorment au coin du feu de la chaumière d’Ogrin.
Mais juste de s’endormir, Myrdhyn a pensé à Tadgar
« Je t’envoie un cadeau, messire, je suis sur que tu en feras un bon usage. Moi je reste ici comme tu me l'a demandé, de plus nos asaillants de cette nuit ont peu être des amis cachés dans les bois, je ne pourrais laisser ces braves gens sans défense», après tout peut être recevra t il le message.
"Abred ne goll gwech ebet.1“ est sa dernière pensée avant de s’endormir.

1 Qui se lève tôt gagne sa jounée

Myrhdyn s’éveille après un repos de quelques heures, la matinée est maintenant bien avancée, Il se dirige vers le puits ou il procède à de légères ablutions, l’eau très froide finit de le réveiller, il se vêt rapide.
Il secoue le jeune Erec :
« Garçon il est l’heure de ta leçon, prépare toi ». On entend dans le bois proche les haches qui s’abattent sur les grands arbres, et sous un appentis proche, deux personnes scient un tronc pour en faire une future poutre de charpente.
Chaque matin, Myrhdyn passe deux heures à entraîner le damoiseau. Muni d’une épée peu affûtée, Erec commence par frapper un tronc d’arbre, faute de disposer de la quintaine du château. Puis quand il commence à avoir mal aux bras, Myrhdyn lui donne un bâton et c’est un duel avec le chevalier. Chaque matin le jouvenceau y gagne quelques bleus, mais il devient chaque jour plus fort, et s’il n’a pas encore réussi à toucher Myrhdyn, il espère y arriver bientôt.
Le bruit des cognées vient de s’arrêter, les bûcherons reviennent vers le hameau pour le repas du midi. Celui-ci est pris en commun dans la plus grande des chaumières.
La matinée a été calme, comme s’il ne s’était rien passé dans la nuit.
Le menu est constitué d’un gruau d’avoine, suivie d’une porée blanche, et se termine par du fromage avec du pain bis.
Myrhdyn attire Ogrin à l’écart.
« J’ai repérer des traces des fuyards un peu au nord, je vais les suivre, si je ne suis pas de retour avant la tombée de la nuit, je te conseille de bien vous barricader la nuit prochaine, et d’avoir préparer quelques affaires pour pouvoir fuir rapidement. Je te confie Erec, il est encore trop jeune pour combattre et pour que les femmes et les enfants ne s’inquiètent pas, je vais leur dire que je vais chasser. ».
Puis il s’adresse à tous
« Je pars chasser, vous avez besoin de viande pour remplacer le porc qui vous a été volé, je ne serais pas long. Erec je te charge de la garde du hameau, en cas de besoin n’hésite pas à te servir du cor pour m’avertir d’un danger. »Myrhdyn est sur le point de partir, quand son page l’arrête
« Messire, vous ne partez pas chasser, il est trop tard pour cela, en plus vous avez revêtu votre haubert de maille, mis votre bassinet ouvert et vous chevauchez Korffruz, ceci est une tenue de combat, laissez moi vous accompagner »
« Erec, il faut que quelqu’un reste ici pour surveiller la route et protéger les habitants de cet essart, c’est une rude tâche que je te confie, sois en fier ».
Et il s’enfonce dans le bois ou il a repéré les traces.

Cela faisait maintenant 4 heures que Myrhdyn suivait la piste des fuyards. La progression est de plus en plus difficile dans cette forêt épaisse.
La forêt n’est pas son territoire. Il vient d’un pays rocher, de lande et de marais, il n’a connu la grande forêt qu’une seule fois, lorsque âgé d’une dizaine d’année son grand-père l’a conduit Brocéliande, pour le baigner dans la source dédié au grand magicien dont il porte le nom*. Ce bain devait lui apporter force et vaillance.
La nuit commence à tomber et une odeur de bois brûlé parvient au chevalier, il doit approcher d’un campement.
Il attache Korfruzz à un arbre, et continue à avancer le plus discrètement possible.
Il s’approche d’une clairière, à l’orée de celle-ci, un garde fait les cent pas.
« Si je veux en savoir plus, il faut que je puisse approcher, mais le garde ? Je ne peux l’éliminer cela montrerai que le campement est découvert. Que faire ?»
Après une intense réflexion, la solution s’est imposée, trouver un arbre assez gros, et y grimper pour observer.
Le chevalier est maintenant installé sur une fourche à 3 mètres de haut. Il peut observer un petit campement de gobelin
« Vu le nombre de tentes, je dirais un compagnie, 200 individus, enfin un peu moins vu ce qui s’est passé ce matin » pense t il avec un sourire.
Au milieu du campement, une tente plus grande, une bannière flotte sur la tente.
« De sable, avec deux haches d’argent croisées, voilà au moins un ennemi identifié ! »
Seul, Myrhdyn ne peut agir, il doit retourner à l’essart, demander aux bûcherons de se mettre en sécurité au village, et envoyer Erec obtenir des renforts au château.
« De plus Tadgar doit avoir reçu mon « cadeau » maintenant, il va pouvoir le faire parler ».
Aussi discrètement que possible le guerrier rebrousse chemin.


hrp
• Merlin, le magicien du roi Arthur, se dit en gaélique Myrhdyn, il existe toujours dans la forêt de Paimpont (Finistère) une source dite de merlin situé pas loin de l’arbre qui représente la prison d’air du magicien.
• PS : pas la peine d’y aller c’est un piège à touriste !
/hrp